jeudi 9 mars 2017

Éloge de la Passion - Carlotta Clerici


Titre : Éloge de la Passion

Auteur : Carlotta Clerici

Maison d'édition : Denoël

Publication : 2017

Nombre de pages : 298

Résumé : Matilde, une musicienne italienne, vit à Paris depuis plusieurs années avec son mari et sa petite fille. Derrière les apparences d'une vie épanouie, Matilde s'enlise dans une routine où elle n'arrive plus à trouver ni plaisir ni élan. Un concert à Milan, la rencontre de Francesco, et son existence bascule... Sans réfléchir, elle se livre à une passion qui pulvérise tout ce qu'elle a construit, retrouvant dans cette tornade son énergie vitale et sa liberté.

Sur l'auteur : Carlotta Clerici est née en Italie, au bord du lac de Côme. Elle vit aujourd'hui et travaille à Paris. Carlotta est metteur en scène et auteur de théâtre mais a choisi d'écrire en français. Toutes ses pièces sont publiées et représentées en France et en Italie. Éloge de la passion est son premier roman.

Extrait du livre : "Il m'avait rejointe et on avait nagé jusqu'au large. J'étais sortie de l'eau haletante, je m'étais allongée sur le ponton en bois et Francesco s'était assis à côté de moi.
"Tu veux une serviette ?
- Merci, ça va."
Les rayons brûlaient ma peau mouillée. Je regardai les gouttelettes d'eau qui ruisselaient sur mes jambes et ma poitrine soulevée par la respiration saccadée, je sentis une veine remplie de sang battre contre mon cou et, soudain, je pris conscience de ces jambes et de ce ventre, de ces seins, je pris conscience de ce corps palpitant. Mon corps ressuscitait à moi-même. Je me réincarnais, je redevenais un être de chair. Envahie d'un bien-être étourdissant. J'aurais pu demeurer là pour le restant de mes jours, allongée au soleil à côté de cet homme, sans dire un mot. Mais les rêves font très peur à qui en a perdu l'habitude et, au lieu de m'abandonner à l'intimité de ce silence, je me sentis en devoir de parler, de dire quelque chose. Et je brisai cet instant magique.
"Tu me connais suffisamment, maintenant, pour la photo ?"
- On se sèche et on y va ?
Il avait répondu de manière pragmatique, d'une voix anodine. C'est fini, tout est fini, je pensai, tu es là pour un portrait, point, ne t'emballe pas ma chérie reviens sur terre. Et t'avais répondu un "super" exagérément enjoué."

Commentaire personnel : C'était la première fois que je lisais un livre dans ce genre, c'est-à-dire un livre vraiment ciblé sur la passion et l'étreinte amoureuse. Malheureusement j'ai trouvé Matilde détestable, égocentrique, insupportable. Pour mieux vous expliquer, il faut que je vous parle mieux de l'histoire. Matilde a la quarantaine, elle n'est donc plus très jeune. Elle a un mari, Pierre, qui est chef d'orchestre et ensemble ils ont une fille de cinq ans, Alice. Ils mènent une vie "parfaite", sont mariés depuis dix ans et semblent être heureux. Matilde a une maison en Italie, au bord du lac de Côme, où elle va depuis qu'elle est enfant avec sa mère. Un été ils s'y rendent tous les trois, et une amie à elle lui annonce la date d'un très grand concert pour avril dont elle doit composer un morceau (elle est pianiste). Pour cela, il faut faire la publicité de cet évènement, et elle envoie Matilde voir un photographe pour qu'il la prenne en photo. C'est Francesco. Matilde tombe sous son charme, ou plutôt tombe dans une passion enivrante, insupportablement cucu.
Elle trouve des excuses à son mari pour aller s'y rendre tous les jours puisqu'il habite juste en face de sa maison sur le lac de Côme (comme par hasard), et elle se sent rajeunir. Après c'est vrai que c'est cucu pour moi car je n'ai pas l'habitude de lire des histoires d'amour, ce n'est pas mon "genre" de livre. Pour ceux ou celles qui apprécient, il pourrait vous plaire.
Donc, Matilde, au fil du temps, va tout lâcher pour vivre sur sa petite planète avec Francesco. Elle se soumet à lui, se donne à lui, entièrement. Mais est-ce qu'il éprouve la même chose ? Ça je vous laisse le découvrir.

Le point positif de ce roman, c'est le style d'écriture. Carlotta nous amène vraiment dans sa maison de quand elle était petite, au bord du lac, on s'y imagine en train de dorer au soleil en sirotant du vermouth ou du vin blanc pétillant à longueur de journée et à se baigner en cas de grande chaleur. Elle a la capacité à écrire des paragraphes qui, selon moi, expriment la dépression et la bipolarité de Matilde. Elle peut écrire les gestes qu'elle fait avec sa fille ou ses paroles de manière narrative dans un paragraphe, et faire chevaucher en même temps les pensées de Matilde, quand elle pense à son amant. Ce qui est tordu, et ce qui m'a marqué, c'est justement au moment où elle s'amuse avec sa petite fille, et en même temps elle éprouve du désir envers Francesco qui hante ses pensées. On a cette superposition d'idées qui est assez étrange à la première lecture, mais qui, finalement, rend bien. C'est vraiment surprenant.
Ensuite la particularité de ce roman et avec laquelle j'ai personnellement eu du mal à suivre, c'est les chapitres courts (souvent de deux pages) qui sont des retours en arrière ou des dates qui se glissent entre le passé et le présent. Au début j'avais beaucoup de mal à m'insérer dans l'histoire. Je me disais "ah mais elle le connaît déjà Francesco?", mais en fait c'était un bond entre le passé et le présent.
La dernière caractéristique de ce roman est que ce film est une leçon de vie, une prise de conscience plutôt, sur le fait qu'il faut vivre la vie, ne pas être figurant mais être acteur principal. Ne pas chercher à être confortable dans sa petite vie banale mais savourer chaque instant en vivant sa vie en la croquant à pleines dents. Il faut s'enivrer de la vie avant que les années nous rattrapent.

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