dimanche 11 juin 2017

Cabaret Biarritz - José C. Vales



Titre : Cabaret Biarritz

Auteur : José C. Vales

Publication : 2017

Maison d'édition : Denoël

Couverture : Marion Tigréat

Traduction : Traduit de l'espagnol par Margot Nguyen Béraud

Nombre de pages : 448

Sur l'auteur :






Né en 1965 à Zamora, José C. Vales a étudié la littérature espagnole à l'université de Salamanque, puis s'est rendu à Madrid où il s'est spécialisé dans la philosophie et l'esthétique de la littérature romantique. Il est également écrivain et traducteur. Véritable best-seller en Espagne, Cabaret Biarritz a reçu le prix Nadal (équivalent du prix Goncourt français) en 2015.













Résumé : 1938. Georges Miet, un jeune écrivain fougueux, se lance dans l'écriture d'un roman sur un drame survenu à Biarritz près de quinze ans auparavant : le corps d'une jeune libraire retrouvé dans le port avait plongé la ville dans un profond émoi. Il en est sûr, ce roman sera son chef-d'œuvre.
Georges commence alors son enquête dans l'élégante station balnéaire. Il interroge tous les acteurs de la frétillante cité - employés de maison, grands bourgeois, gendarmes, journalistes et bonnes soeurs -, nous faisant pénétrer dans l'alcôve sombre d'une bourgeoise de province, mais aussi dans les cabarets, les bordels de luxe et les restaurants les plus chics.

Citation :
Naturellement, je fus aussitôt fou d'elle, mais hélas elle ne m'aima jamais ;
grâce à cela, je pus mener une vie heureuse et une carrière acceptable.
Ce qui aurait été impossible si je m'étais abandonné à elle. Elle
préféra être mon amie, et je finis par me contenter d'un peu de sa
tendresse ; pour certains hommes, c'est amplement suffisant.
Cher ami écrivain, on ne donne pas son cœur à moitié à des femmes
comme Trixie. Il faut mourir pour elles, elles ne se contentent pas de moins. Ce sont 
elles qui décident qui doit mourir, et par chance, elle m'épargna.

Commentaire personnel : Toujours aussi impressionnée par l'originalité des romans chez Denoël, de sa diversité, j'ai été vraiment surprise par la créativité de celui-ci. En effet, Vales nous livre un récit très spécial, consacré sur l'enquête de Miet, sans pour autant qu'il apparaisse. Je m'explique. Chaque chapitre représente un entretien avec une personne qui nous raconte ce dont elle se souvient durant l'année 1922, même année où une jeune fille a été retrouvée dans la mer, le visage dévoré par les poissons. Seulement, Miet n'intervient à aucun moment dans l'histoire, ce qui fait que tout au long du roman, ce n'est qu'une succession de monologues. Cela peut être très perturbant au début, mais une fois comprit, on peut enfin avancer dans le roman. Beaucoup d'histoires se rejoignent sur certains points, et beaucoup pensent que la jeune fille n'aurait pas commit un suicide, mais serait plutôt victime d'un meurtre. C'est là toute la complexité de l'enquête. Comment arriver à trouver un hypothétique meurtrier quinze ans plus tard ? Quels sont les liens entre toutes ces personnes?
Le roman se présente donc comme cela, en passant outre les paroles de Georges Miet :


Ce style d'écriture moderne, frais et comique nous permet de visualiser la scène, mais en même temps de pouvoir imaginer les questions de Miet en se mettant à sa place.
Le fait d'interroger les trente-trois protagonistes nous permet de nous situer dans l'action mais aussi d'analyser et de comprendre chacun des personnages, de leur passé à leur présent.
On assiste dans ce roman à une satire de la société bourgeoise de cette époque à travers les domestiques, les artistes, les danseuses de Cabaret, le fossoyeur, le greffier qui est poussé à l'extrême tout comme le bijoutier (cela en devient vraiment comique), les riches et les plus pauvres. À travers tous les personnages existants, nous pouvons en retenir trois qui sont récurrents : Paul Villequeau (surnommé Vilko car les étrangers n'arrivent pas à prononcer son nom français), Beatrix Ross Buttgereit-Dientzenhoffer (aussi appelée Trixie, une bourgeoise dotée d'une mèche rousse qui fait tourner les têtes des hommes comme celles des femmes), et du photographe Marcel Gallet. 

Mise à part la satire de la bourgeoisie, Vales fait preuve d'un grand réalisme à l'égard de son œuvre. En effet, j'ai dû chercher de mon côté afin de savoir si l'histoire s'était réellement passée ou non, car nous trouvons une bibliographie à la fin du roman, aussi que de nombreuses notes de Miet de temps en temps. Ce côté réaliste renforce d'autant plus la gravité des accidents survenus durant l'année 1922, soit deux noyades, un homme se tirant une balle lors d'un repas devant beaucoup de personnes, et enfin la jeune fille libraire dont on ne connaît le sort. Ces tragiques évènements semblent être si réels que ça nous fait perdre la tête et nous ne savons plus s'il s'agit bien d'un roman fictif ou réel.

Enfin, j'ai trouvé le rôle de la femme bien déplaisant dans ce roman. Elles étaient soit exploitées par l'homme en objet de désir et elles en jouissaient de cela ; soit elles étaient manipulatrices ; soit elles travaillaient dur en tant que servantes pour une femme qui se mutilait chaque soir et devaient la soigner ; ou soit elles étaient danseuses dans des cabarets et elles exploitaient leurs corps sur scène... Je ne pense pas avoir trouvé une femme "d'aujourd'hui", une femme où l'on ne verrait pas l'inégalité entre la femme et l'homme comme elle pouvait exister à l'époque, une femme sensible, touchante, avec une vraie histoire, discrète, ayant un travail qui paye bien, une femme indépendante qui n'aurait besoin de personne d'autre qu'elle pour vivre. 

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