dimanche 10 septembre 2017

Gabrielle ou le jardin retrouvé - Stéphane Jougla




TitreGabrielle ou le jardin retrouvé

Auteur : Stéphane Jougla

Publication : 2017

Maison d'édition : Denoël

CouvertureObstgarten mit Rosen (Orchard with roses) de Gustav Klimt 

Traducteur : ø

Nombre de pages : 221

Sur l'auteur







Stéphane Jougla est né en 1964 à Toulouse. Après des études de droit et de lettres, il a longtemps travaillé dans l'édition juridique. Il enseigne aujourd'hui dans un collège REP (Réseau d'éducation prioritaire) à Nanterre. Son premier roman, L'idée (Gallimard, 2003), a obtenu le prix Méditerranée des lycéens.










RésuméGabrielle a deux passions : la lecture et son jardin. Lorsqu’elle meurt accidentellement, le monde de Martin, son compagnon, s’effondre. Inconsolable, il s’efforce de maintenir vivant le souvenir de la femme qu’il aimait. Lui qui n’ouvrait jamais un livre et pour qui le jardin était le domaine réservé de Gabrielle, se met à lire ses romans et à entretenir ses fleurs. C’est ainsi qu’il découvre un secret que, par amour, Gabrielle lui avait caché. Ce secret bouleversera sa vie, mais lui permettra de surmonter son deuil d’une manière inattendue.

Citation

Il ne se rappelait aucun désir formulé par Gabrielle quant à sa dispersion. Compte tenu de la quantité de cendres, il ne pouvait se permettre d'en saupoudrer tout le jardin - ou alors ce serait vraiment une pincée par-ci par-là. Il n'avait pas imaginé que répandre les cendres de sa bien-aimée fût aussi complexe ; il avait anticipé la symbolique du geste, non le geste lui-même. Devait-il saisir les cendres par poignées pour les semer à la volée, ou bien retourner l'urne au-dessus d'une plante? Mais laquelle? À présent, il voyait Gabrielle se pencher sur chaque rosier, arroser chaque brin d'herbe, détacher une à une les fleurs fanées du rhododendron...
C'est alors qu'une bourrasque de vent souffla dans le jardin.
Il eut à peine le temps de fermer les yeux.
Quand le vent eut cessé, il avança à tâtons vers les deux marches et, sentant bruisser sous ses doigts une boule de pétales, frotta son visage et cligna des paupières.
Il se tenait devant le grand hortensia.
Un nuage, qui avait eu la fantaisie de prendre la forme d'un cœur, s'était déposé au pied de la plante. Martin le fixa comme si Gabrielle allait y apparaître. Il aurait voulu aussi prononcer quelques incantations, mais son aimée mettait un point d'honneur à nommer de leur nom botanique toutes les plantes de son jardin, il chercha en vain le nom de celle-ci.
Tant pis, finit-il par dire, je te baptise. Désormais, tu seras l'hortensia Gabriella
Cependant aucun prodige n'eut lieu. Aucun souffle magique ne vint animer la cendre déposée sur le sol.
Martin resta seul dans le jardin.

Commentaire personnel : J'ai lu ce petit roman en une soirée. Les chapitres sont très courts, variant de trois lignes à six pages. L'écriture est plutôt grosse et ne prend pas toute la page, ce qui facilite la lecture. 
C'est un très beau livre sur le deuil amoureux. Lors du premier "chapitre", Amélie (enceinte alors) et son mari visitent un appartement avec un jardin, et Amélie tombe sous le charme de cet endroit riche d'histoire. Son mari est réticent en vue du bazar. C'est dès le deuxième chapitre, jusqu'à l'avant-avant-dernier, que l'histoire des anciens habitants débute, l'histoire de Martin Robinson. Ce deuxième chapitre débute avec la mort de sa femme Gabrielle Beauchan, une professeure de français. Petit à petit, Martin plonge dans la dépression. Les courts chapitres vont être sur sa démence, les différentes étapes lors de la mort d'un être cher, comme par exemple la première fois qu'il faut changer les draps du lit (Martin prit conscience qu'il n'avait pas changé les draps depuis qu'il vivait sans Gabrielle, c'est-à-dire qu'il ne vivait plus. Pour ne pas faire entorse à la règle, il décida de patienter deux nuits supplémentaires. Ce furent deux nuits d'un adieu interminable, déchirant, à l'odeur du corps de son amante), l'incinération, le premier Noël, le premier flocon de neige...
C'est un roman très touchant et qui donne de l'espoir. Le roman nous dit de ne pas faire comme Martin, de ne pas s'enfermer seul, où tous les souvenirs sont présents, de ne pas reprendre les activités de son épouse (en l'occurence le jardinage et les livres), de sortir le plus possible, continuer son travail et ne pas se faire licencier, parler de sa tristesse aux autres, continuer à manger, toujours être entouré d'amis...

Je pense que le deuil est un sujet dur et délicat à traiter, qui a ici été traité avec élégance. L'écriture est très jolie, poétique par moments et drôle par d'autres. 
L'avant-dernier chapitre est un retour à la réalité, mais plutôt un retour vers le futur, car Amélie et son mari vivent dans la maison depuis maintenant 10 ans et ont une petite fille. Ils croisent un homme noir qui entre par la porte du jardin et qui touche à l'hortensia. Le dernier chapitre sera alors consacré à cet homme, à ses gestes. La fin est, comme le reste du roman, vraiment touchante.

1 commentaire:

  1. "Martin prit conscience qu'il n'avait pas changé les draps depuis qu'il vivait sans Gabrielle, c'est-à-dire qu'il ne vivait plus. Pour ne pas faire entorse à la règle, il décida de patienter deux nuits supplémentaires. Ce furent deux nuits d'un adieu interminable, déchirant, à l'odeur du corps de son amante." Joli, ça. Et toujours ce sens de la photo, bravo !

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